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Le terme « startup » est à la mode et vous êtes nombreux à nous demander ce que l’on y cache et surtout comment définir et ce qu’est une startup ou ce qui ne l’est pas. Nous avons donc souhaité apporter un peu de théorie pour éclaircir le mystère.
Théorie de la startup
Il n’existe pas de définition officielle de la startup : personne ne semble vraiment tomber d’accord. Si vous demandez à votre voisin de vous décrire une startup, il est très probable que sa réponse ressemble à : « c’est une entreprise jeune (voire, créée par des jeunes), de petite taille, technologique, innovante, cool où on travaille différemment… (deux geeks qui se grattent la tête dans leur garage) ». Ces éléments traduisent une certaine réalité des startups - en tout cas la réalité perçue - sans pour autant mettre le doigt sur l’essentiel. Chez les spécialistes, la confusion existe aussi. Une définition qui semble cependant réunir le plus d’experts est celle de Steve Blank : une startup est une organisation temporaire à la recherche d’un business model scalable (adaptable à grande échelle), répétable et profitable.
Ce que n’est pas une startup
Une startup n’est pas forcement une entreprise
Au départ, une startup est souvent l’affaire de 2 ou 3 personnes qui développent leur produit dans une chambre. Les meilleurs fondateurs savent qu’il n’est pas utile de s’encombrer avec des procédures formelles et bureaucratiques quand le projet est à un stade embryonnaire.
Une startup n’est pas forcement jeune ou petite
Il existe des « vielles startups ». Snapchat en est un bon exemple : l’entreprise n’a toujours pas stabilisé son business model alors qu’elle existe depuis 2011 et est constituée de plus de 3000 employés.
Une startup n’est pas forcement innovante
C’est un point de confusion courant sur ce que sont les startups. En général, les entrepreneurs ne cherchent pas à innover pour innover. Leur objectif est de servir leurs clients à la fois au plus haut niveau de qualité et à l’échelle. Il se trouve que l’innovation est souvent un moyen pour réunir ces deux objectifs, mais pas systématiquement. Beaucoup de grandes entreprises matures sont toujours à la pointe de l’innovation dans leur domaine tandis que certaines startups se contentent de cloner des business model existants en les exécutant mieux que les entreprises qui ont innové (ex : Rocket Internet).
Une startup n’est pas forcement technologique
On confond parfois technologie et innovation. En réalité, la technologie n’est pas une affaire de startup : les grands groupes l’utilisent tout autant, mais dans le but d’améliorer l’existant plutôt que de chercher un nouveau business model. La technologie est, comme l’innovation, un catalyseur pour les startups : c’est un moyen d’arriver à déployer son nouveau business model à l’échelle. La maitriser est souvent une condition nécessaire du succès mais non une condition suffisante.
Les éléments constitutifs d’une startup
Une startup est une organisation temporaire
L’ambition d’une startup est de ne plus en être une, de sortir de cet état temporaire pour atteindre l’état permanent d’entreprise mature. Cet état transitoire dure généralement plusieurs années.
Une startup recherche son business model
L’incertitude est ancrée dans la définition même d’une startup. Les entrepreneurs sont des chercheurs et la démarche d’une startup est fondamentalement expérimentale et itérative. Pour trouver son business model (proposition de valeur, segments clients, canaux de distribution, activités clés, structure de coûts, base de revenue) il faut mener une exploration.
Une startup recherche un business model scalable
La scalabilité est la capacité à passer à l’échelle (c’est à dire servir plus de clients ou servir les mêmes clients avec plus de volume) en gardant ses caractéristiques propres. Agences de design, cabinets de conseil ou prestataires de développement web ne sont pas scalable par nature, ou du moins seulement jusqu’à un certain seuil. La ressource clé de leur business model est le temps humain des consultants. En revanche, la majorité des sociétés de logiciel sont scalable puisque le logiciel peut être dupliqué et distribué à l’infini pour servir plus de clients sans engendrer de coûts supplémentaires ou consommer plus de ressources.
Le modèle du logiciel SaaS est un exemple de business model scalable.
Une startup recherche un business model profitable
Attention, on parle ici des units economics, c’est à dire des éléments de base du modèle économique. Il faut nécessairement que chaque transaction soit rentable et que le modèle économique soit viable à petite échelle. Cela ne veut pas dire que l’entreprise doit être profitable. Par exemple, chaque course réalisée par Uber est rentable, cependant, la société Uber est loin d’être rentable (4,5 milliards de pertes en 2017). Cette perte est l’effet combiné de sa volonté de croitre rapidement sur de nouveaux marchés, d’une presse dévastatrice, de coûts légaux élevés et de la forte concurrence.
Une startup recherche un business model répétable
La répétabilité désigne la capacité du modèle à être répliqué dans d’autres implantations, pour d’autres segments de marché, avec le même processus de vente et de marketing. Uber, par exemple, a un modèle très répétable qui lui permet de se développer sur de nouvelles villes du monde avec les même procédés mis en place pour sa première ville d’opérations (San Francisco)
Conclusion
Retenons ici que l’élément le plus important d’une startup est très certainement sa croissance. Paul Graham, créateur du légendaire accélérateur de startup « Y combinator » l’a bien résumé sur son blog : « une startup est une entreprise faite pour croître rapidement. Ce n’est pas parce qu’une entreprise vient d’être créée que c’est une startup. Ce n’est pas non plus parce qu’elle est technologique, qu’elle lève des fonds ou qu’elle recherche une sorte d’exit. La seule chose essentielle, c’est la croissance. Tout ce que l’on associe habituellement aux startups découle de la croissance. »